Non, la BMF n’est pas un aménagement cyclable !
Si l’on peut se réjouir que le Département du Calvados ait mené des actions fortes en faveur du vélotourisme et du vélo de loisirs grâce à un réseau de voies vertes particulièrement appréciées, la promotion des bandes multifonctionnelles (BMF) comme aménagements cyclables interroge…
Les Bandes MultiFonctionnelles (BMF) seraient un moyen de sécuriser l’espace de circulation sur les routes principales et justifieraient le relèvement de la vitesse maximale autorisée à 90km/h sur une partie du réseau départemental.
La BMF est aussi considérée, dans un projet concernant la RD 126 et son raccordement à la RD 170 sur les communes de Rosel et Authie, comme aménagement cyclable, pour se conformer à l’article L228-2 du Code de l’environnement : « A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements prenant la forme de pistes, de bandes cyclables, de voies vertes, de zones de rencontre ».
La BMF n’a pas été conçue pour les cyclistes et doit être clairement distinguée des aménagements cyclables prévus dans l’article cité.
Vous pouvez voir les différents aménagements cyclables qui existent en cliquant ici.
Cet aménagement, ne répond à aucune de ces définitions : c’est un accotement stabilisé revêtu, une bande dite de refuge ou de récupération, situé de part et d’autre des voies de circulation. Si, depuis 2010, elle peut être utilisée par les cyclistes (article R431-9 du code de la route) aux côtés des piétons, tout véhicule peut chevaucher ou franchir la ligne discontinue apposée sur la chaussée en cas de nécessité absolue (article R412-18 du Code de la route), ce qui distingue sans équivoque la BMF des voies et pistes cyclables exclusivement réservées aux cycles et ne leur offre pas du tout le même degré de sécurité.
Certaines bandes de refuge considérées comme BMF par le Département ne répondent pas aux critères préconisés par le CEREMA (2m à 1,50m selon les cas), a fortiori à ceux préconisés par les experts de la Sécurité routière (3m pour assurer la mixité d’usage avec les piétons).
Sur la D 675, à la sortie de Giberville vers Mondeville, on relève une largeur d’accotement de 0.80m ! Cela permet de repasser la départementale à 90km/h.
En plus de cela, la circulation cyclable sur ces aménagements est discontinue : l’accotement disparaît aux abords des intersections ou entrées de communes…
Penser l’avenir du transfert modal hors agglomération !
La BMF ne répond donc pas aux besoins des cyclistes et surtout, freine pour longtemps, une évolution favorable au cyclisme du quotidien offrant une réelle alternative à la voiture pour les habitants de communes rurales ou périphériques.
Le développement du vélo pour les trajets domicile/travail/lieu d’études/services est un objectif d’intérêt général et de santé publique indiscutable pour lutter contre les effets de la sédentarité, de la pollution, du réchauffement climatique et pour alléger la facture énergétique des ménages.
Assurer la sécurité et le confort de celles et ceux qui sont prêts à laisser la voiture pour le vélo exige de ne pas céder à la facilité de considérer comme aménagements cyclables des dispositifs qui, faciles à réaliser à moindre coût, ne peuvent en rien encourager la pratique du vélo. Faire preuve d’anticipation suppose de prendre les exigences du Code de l’environnement non comme des contraintes mais comme de réelles opportunités pour sortir progressivement du tout automobile et offrir aux habitants des communes du département, un réseau de voies cyclables sécurisées accompagnant l’essor du vélo hors agglomération (+ 16 % en zone rurale par rapport à 2019) .
Merci à nos bénévoles qui ont prit le temps de réaliser ce sujet.
Vous pouvez nous contacter ou laisser un commentaire pour nous faire part de votre expériences sur les bandes multifonctionnelles.